Chema Madoz : les règles du jeu
Jusqu'au 30 septembre 2018, cent vingt-quatre photographies noir et blanc de Chema Madoz, prêtées par la Galerie Dichroma Photography de Madrid, sont installées au musée de Gajac dans une scénographie conçue par Borja Casani, historien de l'art, commissaire de la manifestation.
Toute matière est pleine de sens et sa place dans le monde lui donne un sens.
Chema Madoz travaille sur la signification des choses comme s'il s'agissait effectivement de matière. Il utilise les objets et leur représentation graphique comme si les objets étaient les mots d'un vocabulaire précis.
Interviewde Chema Madoz.à l’occasion du vernissage de son expo ; Maria Bonville,documentaliste au Musée aaccepté de jouer les interprètes :
Convertis en signes, les objets parlent maintenant littéralement, ou plutôt sont des images qui parlent littérairement, basés sur l'esthétique de la similarité ou de la variété des références, Madoz déplace le sens naturel des concepts vers d'autres interprétations, exploitant pleinement leurs capacités symboliques et résolvant leur discours avec des figures et des tropes profondément liés au langage : analogies, paradoxes, métaphores ou métonymies visuels offrent au spectateur un jeu de perception poétique et requièrent sa collaboration active.
Mais sa résolution photographique précise est également décisive. Il s'agit de photographier une idée. La simple matérialité de l'idée n' est pas l'objet final de son travail, mais plutôt son cadre, son portrait. Comme dans l'instantané classique : son moment exact.
Cette collection de photographies de Chema Madoz nous propose donc un jeu sur la perception. Les images nous parlent et nous proposent une promenade vers la compréhension. Mais le but ici n'est pas de découvrir la signification d'un hiéroglyphe. Le mystère est résolu. Il a été résolu avant que l'artiste ne découvre sa résolution plastique, trouvée dans la puissance de l'insondable sens des choses qui, silencieuses et immobiles dans le lieu que nous leur assignons, sont constamment
Chema Madoz travaille sur la signification des choses comme s'il s'agissait effectivement de matière. Il utilise les objets et leur représentation graphique comme si les objets étaient les mots d'un vocabulaire précis.
Interviewde Chema Madoz.à l’occasion du vernissage de son expo ; Maria Bonville,documentaliste au Musée aaccepté de jouer les interprètes :
Convertis en signes, les objets parlent maintenant littéralement, ou plutôt sont des images qui parlent littérairement, basés sur l'esthétique de la similarité ou de la variété des références, Madoz déplace le sens naturel des concepts vers d'autres interprétations, exploitant pleinement leurs capacités symboliques et résolvant leur discours avec des figures et des tropes profondément liés au langage : analogies, paradoxes, métaphores ou métonymies visuels offrent au spectateur un jeu de perception poétique et requièrent sa collaboration active.
Mais sa résolution photographique précise est également décisive. Il s'agit de photographier une idée. La simple matérialité de l'idée n' est pas l'objet final de son travail, mais plutôt son cadre, son portrait. Comme dans l'instantané classique : son moment exact.
Cette collection de photographies de Chema Madoz nous propose donc un jeu sur la perception. Les images nous parlent et nous proposent une promenade vers la compréhension. Mais le but ici n'est pas de découvrir la signification d'un hiéroglyphe. Le mystère est résolu. Il a été résolu avant que l'artiste ne découvre sa résolution plastique, trouvée dans la puissance de l'insondable sens des choses qui, silencieuses et immobiles dans le lieu que nous leur assignons, sont constamment
Biographie :
Né à Madrid en 1958, Chema Madoz découvre la prise de vue et le tirage photographique en autodidacte au début des années 1980 dans l'effervescence créative de la Movida. L'artiste compose ses photographies à partir d'un vocabulaire d'objets qu'il combine, retravaille, assemble, oppose jusqu'à obtenir des rencontres inattendues, où le surréalisme et l'absurde ne sont jamais loin. Le photographe accumule dans son atelier des objets glanés dans les brocantes, les boutiques ou les poubelles comme un cabinet de curiosités anodines qui attendent d'être révélées.
Les objets choisis semblent issus d'un imagier atemporel : souliers, livres, montres ou échelles, et Chema Madoz les extrait de leur banalité utilitaire pour réaliser les rêves auxquels ils aspirent.
Depuis près de trente ans, ses photographies décrivent l'inventaire poétique d'une réalité transfigurée par un regard illusionniste, des poèmes visuels sous la forme de superbes tirages argentiques noir et blanc.
Les objets choisis semblent issus d'un imagier atemporel : souliers, livres, montres ou échelles, et Chema Madoz les extrait de leur banalité utilitaire pour réaliser les rêves auxquels ils aspirent.
Depuis près de trente ans, ses photographies décrivent l'inventaire poétique d'une réalité transfigurée par un regard illusionniste, des poèmes visuels sous la forme de superbes tirages argentiques noir et blanc.
L'œuvre tout à fait singulière de Chema Madoz ne se rattache à aucun courant, même si on a souvent cité à son propos une influence du mouvement surréaliste.
D'une extrême rigueur graphique, ses compositions en noir et blanc, autour d'objets banals ou familiers, qu'il recueille, détourne ou transforme dans son atelier, déploient un monde imaginaire qui interroge radicalement notre sens de la perception.
Par un jeu subtil de métamorphoses, d'associations, de métonymies, ou d'analogies symboliques, Chema Madoz provoque chez le spectateur une forme rare de dérèglement des perspectives visuelles et mentales.
Car ce n'est pas seulement à une transformation des objets - ou des éléments – à laquelle le photographe nous convie, mais à leur mutation en idées pures susceptibles de contenir d'autres visions et d'autres lectures du monde qui nous entoure.
Si l'illusion ou le faux-semblant sont au cœur du travail de l'artiste – dont les images ne sont le fruit d'aucune manipulation - il se comprend que cette attirance pour la mise en abyme de la réalité tangible est au premier chef une manière de questionner la nature même de la photographie et de son régime convenu de représentation du réel.
D'une indiscutable force poétique, l'art de Chema Madoz souvent teinté d'ironie ou d'humour, est aussi marqué par une profondeur grave et méditatrice qui construit au fil de son développement les prolégomènes d'une métaphysique du regard.
Extrait de l'ouvrage Chema Madoz – Angle de réflexion paru chez Actes Sud - 2014
D'une extrême rigueur graphique, ses compositions en noir et blanc, autour d'objets banals ou familiers, qu'il recueille, détourne ou transforme dans son atelier, déploient un monde imaginaire qui interroge radicalement notre sens de la perception.
Par un jeu subtil de métamorphoses, d'associations, de métonymies, ou d'analogies symboliques, Chema Madoz provoque chez le spectateur une forme rare de dérèglement des perspectives visuelles et mentales.
Car ce n'est pas seulement à une transformation des objets - ou des éléments – à laquelle le photographe nous convie, mais à leur mutation en idées pures susceptibles de contenir d'autres visions et d'autres lectures du monde qui nous entoure.
Si l'illusion ou le faux-semblant sont au cœur du travail de l'artiste – dont les images ne sont le fruit d'aucune manipulation - il se comprend que cette attirance pour la mise en abyme de la réalité tangible est au premier chef une manière de questionner la nature même de la photographie et de son régime convenu de représentation du réel.
D'une indiscutable force poétique, l'art de Chema Madoz souvent teinté d'ironie ou d'humour, est aussi marqué par une profondeur grave et méditatrice qui construit au fil de son développement les prolégomènes d'une métaphysique du regard.
Extrait de l'ouvrage Chema Madoz – Angle de réflexion paru chez Actes Sud - 2014
Dernière modification : jeudi 27 janvier 2022